C’est drôle, c’est une phrase qui revient énormément dans nos derniers échanges avec nos proches et nos amis. La fin du voyage approchant, les gens se demandent si l’on ne va pas « souffrir » de reprendre notre train-train. Ils se demandent si la « routine » ne va pas être compliquée à gérer…
6 pays, des milliers de kilomètres, des cultures et des histoires différentes, des visages, des familles, des gens, beaucoup de gens ! Des lieux magnifiques, des moments intenses, des moments de doute, aucun regret… Voilà ce que l’on vient de vivre. Mais à aucun moment nous n’avons eu peur de revenir.
Ce qu’il faut saisir, c’est que nous n’avons rien fuit. Nous n’avons pas essayé de nous « retrouver » ou d’apprendre à nous connaître. Nous sommes juste partis découvrir. C’est la soif et l’envie de savoir ce qu’il y avait ailleurs qui nous ont poussés à traverser un océan. C’est juste ça, ce besoin de savoir et d’apprendre qui nous a servi de moteur.
Aime ta vie
Aussi chaotique puisse-t-elle être, aussi compliqués soient les épisodes à affronter, l’essentiel reste d’aimer sa vie.
Une phrase que j’adore (cliché !), c’est « ajoute de la vie à tes années, pas des années à ta vie ».
Avant de partir, même dans les périodes les plus compliquées que nous ayons eu à affronter Margot et moi, nous avons toujours fait « contre mauvaise fortune, bon cœur ». On a toujours su retenir ce petit moment de grâce, de rire, de légèreté, de journées qui auraient pu parfois être vues comme médiocres. On s’était fait le pari de partir à l’autre bout du monde, alors même que nous avions à peine les moyens de nous payer un café. Je vous promets que c’est vrai !
Et puis, à force de ténacité, de travail, et portés par la légèreté qui caractérise notre histoire, on a réussi. Pourquoi ? Parce qu’on y a toujours cru. On ne savait pas vraiment comment on y parviendrait, mais au fond, on savait qu’on y arriverait.
Et on l’a fait. On s’est extirpé des méandres de la pensée négatives, de la lamentation, pour trouver une porte de sortie.
Alors non, on n’a pas voyagé la fleur au fusil en papillonnant pendant presque 8 mois. On a bossé. Même en voyageant, on a bossé dur. Levés tôt, le nez vissé sur l’écran de l’ordinateur, à avancer à toute vitesse pour profiter au maximum de ce qui nous attendait en dehors de la chambre d’hôtel.
Mais on l’a fait de bon cœur, sans contrainte. On l’a fait parce qu’on aime ça.
On ne s’est jamais plaint de devoir travailler, jamais. Au contraire ! C’est une chance de pouvoir mêler boulot et voyage. Le travail autorise le voyage, et le voyage enrichit le travail. On a réussi à trouver une sorte d’équilibre improbable.
On a réussi tout ça car on aime notre vie ! On aimait notre vie avant de partir, on l’aime maintenant, et on aime déjà la « routine » qui nous attend à Toulouse.
C’est quoi la vie normale, au fond ?
Si par normale, on entend métro-boulot-dodo, c’est qu’on s’est déjà un peu résigné à accepter une condition qui ne nous convient pas.
On peut avoir un rythme réglé comme une horloge, ce qu’il faut retenir des journées, ce sont ces instants différents, doux, légers, incongrus. Ce sera un éclat de rire, ce sera un sourire inattendu, ou simplement le fait de réaliser un instant que l’on est au bon endroit au bon moment.
Il n’y a pas de vie normale !
Tout ça arrive tous les jours, à chacun d’entre nous. Il faut simplement être prêt et assez ouvert pour le voir, le sentir. Je sais que ça a l’air plus facile à dire qu’à faire, mais croyez-moi, c’est une vraie source de salut. Croyez-en les paroles de quelqu’un qui en a déjà pris pas mal plein la gueule, pour le dire simplement.
On n’a donc aucune crainte de retrouver notre vie « normale ». Ma pétanque, mes guitares, les répétitions, le boulot, les verres entre potes, les moments en famille… On les a déjà vécus, et pourtant on hâte de les retrouver.
Le voyage, ce n’est pas une fin en soi
Arpenter les routes du monde n’est qu’un moyen, pas une fin. C’est le moyen d’ouvrir les yeux un peu plus grands, de se sentir faire partie d’un tout qui nous dépasse largement. La vie ne se limite pas où notre zone de confort s’arrête.
On est malheureusement dans un système égocentré, qui place l’individu au centre de son propre univers. Il faut dépasser cette dimension. Il faut juste ouvrir les yeux, et ne pas croire que regarder ce qui passe dans le monde à la télévision suffit. Pas forcément besoin de partir loin, mais juste de se confronter à d’autres façon de penser, à d’autres histoires. C’est fou ce que ça permet de prendre du recul sur sa propre condition. D’ailleurs, n’oubliez jamais que les idées permettent de voyager bien plus loin que l’argent.
Alors oui, on rentre, mais rien n’est définitif. On ira certainement voir ailleurs, moins longtemps. On va aller voir ailleurs, histoire d’en apprendre davantage sur l’histoire du monde, de ses habitants, de chaque individu dont on peut partager quelques instants du quotidien.
Mais surtout, on va continuer à adorer notre vie, où qu’on soit ! On va continuer à apprécier tous ces instants anodins qui font notre quotidien, comme on le faisait déjà avant de partir.
Loin de moi l’idée de jouer au donneur de leçon. Ce texte n’a d’autre but que de livrer mes impressions. Et s’il peut allumer une petite lumière chez ne serait-ce qu’un de ses lecteurs, il aura largement rempli son rôle.
Sur ce, je vous donne bientôt rendez-vous pour le dernier article de ce périple sud-américain, et je vous souhaite à tous une journée dans laquelle vous saurez reconnaître ce petit moment de grâce qui change tout…